Depuis l’enfance, un fil conducteur traverse ma vie : le dépassement de mes peurs. Petite, j’étais celle qui tremblait intérieurement à l’idée de sauter dans la rivière, de parler devant la classe, de dire non, ou encore de perdre mes parents… ou même mon chat. Mes pensées étaient traversées par des scénarios catastrophes, de ceux qui paralysent et qui figent la vie. Ces peurs-là n’avaient rien d’utile à ma survie. Elles m’empêchaient simplement d’avancer sur mon chemin de conscience. Alors un jour, j’ai décidé de les prendre à bras-le-corps, de les regarder en face et de les évacuer pour vivre pleinement. Avec le recul, j’ai observé dans mon parcours plusieurs mécanismes qui m’ont aidée à transformer mes peurs. Je ne vous livre ici que mon expérience. Il ne s’agit pas d’un modèle à suivre, mais d’une invitation à observer vos propres fonctionnements… et pourquoi pas les partager, en commentaire.
L’orgueil comme moteur Une femme que j’ai rencontrée récemment m’a permis de conscientiser mon premier mécanisme : ma sœur. Elle était plus casse-cou que moi, et en tant qu’aînée, je devais garder la tête haute. Mon orgueil me poussait à ne pas rester derrière elle, à me dépasser. Je me souviens d’un épisode au ski, lors de l’épreuve de l’Aiglon : il fallait sauter une énorme bosse. Quelle peur ! Pourtant je me suis lancée. Première tentative, première chute, la tête la première. Mais je me suis relevée, j’ai refait mes deux sauts… et j’ai eu ma médaille. Mon orgueil et la présence de ma petite sœur m’ont donnée l’élan d’aller au-delà de mes peurs.
Le groupe comme tremplin La peur d’être exclue a aussi joué son rôle. Nous portons tous cette peur archaïque, héritée de nos ancêtres : seul, on est vulnérable ; en groupe, on survit. À l’adolescence, certains amis étaient plus âgés que moi. J’allais en boîte de nuit dès 15 ans, en cachette. Ma copine du même âge y allait, je devais fairepartie de l’aventure. Chaque sortie était une peur à contenir, peur de me faire prendre par mes parents, peur de l’accident, mais je le faisais. Plus tard, j’ai fait du stop, avec des amis, pour aller prendre un avion à Madrid. Là aussi les peurs s’enchaînaient, les scénarios se bousculaient. Et j’ai pris le risque d’aller au-delà, pour suivre mes amis et partir en voyage. J’ai même par la suite réalisé cette expérience seule.
L’amour comme apothéose J’ai vécu un amour passionnel. À ses côtés, je n’avais peur de rien. L’amour nous place dans un état de puissance, de confiance absolue en la vie. Par amour, j’ai osé lâcher une existence confortable et matérialiste pour choisir une vie en camion, en mouvement, avec notre enfant d’un an et demi. Là où beaucoup attendent un CDI, une maison, une stabilité avant de créer une famille, moi j’avais déjà tout cela… et j’ai décidé de casser le modèle pour plonger dans une vie d’imprévu. L’amour a été pour moi un déclencheur, un moteur qui m’a poussée à dépasser des barrières que je n’aurais jamais franchies seule. Il a ouvert en moi un espace où la peur ne pouvait plus dominer.
L’alcool comme révélateur Un autre mécanisme fut l’alcool. Désinhibée, j’osais ce que je n’aurais jamais tenté sobre. Plus de honte, plus de crainte du regard de l’autre. Avec le temps, j’ai compris que l’alcool n’avait pas créé ces états : ils existaient déjà en moi. Il a seulement levé un voile. Aujourd’hui, je sais les atteindre sans substance. Je sais parler devant un public avec trac oui mais je ne suis plus figée, ni même toute rouge. J’ai pris de l’assurance. Un chaman m’a dit un jour : « Demande à chaque élément ce qu’il vient t’apprendre ». Pour l’alcool, j’ai compris le rôle qu’il a joué. Il m’a permis de me montrer les capacités que j’avais déjà en moi.
La maternité comme transformation La naissance de mon fils a ouvert un volet encore plus grand sur le dépassement des peurs limitantes. Vouloir protéger son enfant donne une force incroyable. Avec le papa, en camion, la vie fût plus difficile que prévu. Je ne voulais pas lâcher cette vie en camion, ni cet amour. Alors je luttais et je souffrais énormément. Ma famille essayait de me convaincre de partir et de prendre un appartement. Je ne voulais pas, je ne comprenais pas le sens. J’ai tout lâché, il y a 6 mois en arrière et je devais tout racheter, tout recommencé. Je ne voulais pas non plus abandonner la famille qu’on s’était construite. Intérieurement, j’avais peur d’être toute seule et de tout assumer. C’était trop dur à accepter. Puis, j’ai une amie à l’école de kinésiologie qui m’a sortie la phrase où tout a basculé : « Céline, tu veux montrer quoi à ton enfant ? Qu’il est bien de rester dans la souffrance ? ». J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, l’impensable est devenu réalité et je suis partie du camion avec mon fils. Cette période, je l’ai vécu comme un grand dépouillement. En contrepartie, elle m’a permis d’apprendre le détachement matériel. Elle m’a montré ma capacité à rebondir et à recommencer à zéro. J’ai lâché mes désirs égoïques pour faire confiance à mon chemin. Mes croyances en une famille unie, se sont écroulées comme un château de cartes. Cette période de souffrance a été à la hauteur de mon entêtement. Cet événement a remis les pendules à l’heure à mon égo. Mon fils a été l’élément déclencheur.
Les rencontres comme appui subtil Récemment, j’ai rencontré un homme qui vit avec peu de peurs. Rien de spectaculaire, mais son énergie m’a influencée. Au contact de cette personne, mon curseur intérieur s’est déplacé naturellement, sans effort. Mes quelques peurs qui me restaient sur mon mode vie nomade se sont envolées comme par enchantement.
Le jeu comme allié J’aime les défis et les jeux. J’ai transformé ma relation à la peur en une sorte de jeu de la vie. Jeune, je m’étais fait une liste : aller seule au cinéma, au restaurant, au musée, voyager… et je cochais chaque étape franchie. Aujourd’hui encore, je vis comme dans un escape game à ciel ouvert. La vie me propose des épreuves, parfois lourdes, mais l’énergie revient toujours. Comme une symphonie : il y a des temps d’accablement et des temps d’élan. Le tout est de rester en rythme.
La kinésiologie comme raffinement Enfin, ma formation en kinésiologie a profondément transformé ma relation à la peur. Chaque protocole a levé des couches : émotions, traumas, transgénérationnel, autosabotage… La peur, je l’ai passée au crible. Aujourd’hui, je cohabite avec elle. Je la comprends mieux. Et je sais qu’un jour, elle ne m’atteindra plus.
La peur n’est plus pour moi un mur infranchissable, mais une porte à pousser, un jeu de piste, un enseignement. Et vous, quels mécanismes vous aident à apprivoiser vos peurs ?